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Avec l'occupation et les réquisitions forcenées des autorités allemandes, le ravitaillement va devenir le souci n° 1 des Français. Notre Commune compte alors cinq commerces de bouche : deux à Guerville (Lefrançois et Pigis), deux à Senneville (Pots et Roussel), une à La Plagne (Lecomte), et deux marchands de chaussures (Lemarié et Vai Ilat). Pendant quatre ans, ces épiciers vont assurer le ravitaillement des villages. Je veux souligner le dévouement dont ils firent preuve dans des conditions extrêmement difficiles. Sans cesse à l'affût de la sortie des numéros de tickets dispensateurs des maigres rations allouées : sucre, beurre, huile, pâtes, confiture, viande, etc... il fallait collecter lesdits tickets, les coller et surtout faire le siège des grossistes.

Qui pense encore au dévouement de ces épiciers de campagne, privés souvent de tout moyen de transport et aux déplacements qu'il leur fallait effectuer à Mantes, à Limay, à Versailles et autres lieux. Les vélos chargés, poussés à pied dans les côtes furent les plus sollicités. Pour les colis plus lourds, on avait recours au laitier assurant chaque jour la collecte du lait, au boucher venant une fois par semaine de Mantes, aux carrioles du paysan voisin. Les rations allouées étaient maigres : 350 g de pain journalier aux adultes (non travailleurs de force). C'était l'époque où l'élevage des lapins, par exemple, connut son apogée. Quant aux chaussures, aux vêtements, aux pneus de vélo... on devait solliciter l'attribution hypothétique de bons spéciaux. Les sabots, les galoches reprirent du service. Les maires procédaient comme à Guerville le 16 février 1941, à la mise en place de commissions d'attribution...

Mais ici, comme ailleurs, on palliait la pénurie des bons par le troc quand on en avait la possibilité ! Pour lutter contre le vol des récoltes on procéda à la nomination de gardes messiers : quatre à La Plagne, six à Guerville, quatre à Senneville, deux à Fresnel, deux aux Clos Fours. Les terres privées d'engrais avaient des récoltes faibles. Et puis il y avait les implacables réquisitions imposées sur tous les produits agricoles et d'élevage.

En ce qui concerne l'information quotidienne il faut souligner que les journaux nationaux avaient repris leur parution dès le début de l'occupation. Les titres étaient restés mais la direction de ces quotidiens était sous le contrôle de la propagande allemande. Les éditoriaux très collaborationnistes martelaient les lecteurs et tentaient de lancer les Français dans la voie tracée par le gouvernement de Vichy de Pétain Laval. Passifs d'abord pendant les années 1940-1941, les Français retrouvaient peu à peu un état d'esprit nouveau. La résistance à l'ennemi s'organisait passive et active. La radio dite française (sous contrôle allemand) diffusait ses communiqués mensongers. Les chroniqueurs attitrés, Jean Hérold-Paqui, Philippe Henriot se déchaînaient contre les patriotes, les gaullistes, les juifs. Les affichettes allemandes annonçaient les fusillés sans 4 cesse plus nombreux.

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