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Heureusement beaucoup d'habitants avaient conservé leur poste de T.S.F. et aux heures des émissions de la B.B.C., malgré le brouillage, on écoutait avec précaution, les informations. Une voix familière annonçait : « Ici Londres... ». Suivaient alors les messages personnels puis les informations. On se communiquait les bonnes nouvelles. Les imprimés clandestins quelquefois circulaient. Les avions alliés lâchaient eux aussi des tracts. C'est ainsi que dès octobre 1940, Mademoiselle Marie-Louise Pols découvrit dans son jardin un mini journal distribué par la R.A.F. D'admirables résistants comme Pierre Dac lançaient sur les ondes anglaises des chansons satyriques ; on vibrait d'émotion en écoutant les allocutions de Maurice Schumann et la voix du Général de Gaulle.

Sans cesse - nous sommes en début 1944 - les escadrilles alliées survolent de nuit puis de jour la vallée de Ici Seine. Bombardement de la gare de Mantes Gassicourt la nuit par la Royal Air Force. Puis le terrible bombardement du 30 mai par l'aviation américaine. Ponts sur la Seine entre Mantes et Limay détruits, mais rasé aussi tout le bas de Mantes. L'aveuglement coupable d'un procureur de l'État français qui refuse le transfert des prisonniers de la prison fut la cause d'une catastrophe. 215 victimes sur 232 occupants. Nombreuses furent les victimes qui périrent dans ce quartier.

6 juin 1944: débarquement allié en Normandie. La bataille s'intensifie. Après les percées des armées alliées, les Allemands refluent. Dès le début août on voit passer dans nos villages comme dans Mantes, d'étranges équipages : les Allemands ont réquisitionné des charrettes avec le charretier, des carrioles. Je vis même, descendant de Magnanville un soldat juché sur un rouleau. C'est la retraite.

Vers le 15 août, un groupe de soldats en carriole traversa Senneville, fit halte à la fontaine Saint Jean et se ravitailla dans les fermes. A Mademoiselle Pols qui lui demandait s'il partait pour le front, un soldat lui répondit en français : « Vous avez vu notre équipage ! »

Le 18 août au soir je vis passer devant l'école de Senneville la dernière automitrailleuse nazie. Un soldat, torse nu bardé d'une bande de cartouches et armé d'une mitrailleuse, me demanda la direction de Paris. Je lui criai en pointant mon bras « tout droit ! » Je sus plus tard qu'il s'agissait des rescapés d'un engagement avec les Américains dans le village de Vert.

Le 19 août, venant de Breuil, une petite colonne américaine comprenant auto mitrailleuse, camion et jeeps arriva à Guerville entre 10 heures et 11 heures puis à Senneville à 11 heures 50.

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