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IV – Les XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles

Sur ces siècles, nous n’avons pas beaucoup de renseignements. Seuls, les Guervillois eurent un illustre
habitant au XVIème siècle : Eustache Pigis, qui fut délégué aux Etats Généraux de 1560, puis en 1576.

Allez voir sa pierre tombale à la mairie et lisez le quatrain :

  • La mort m’est un repos, car j’ai vécu toujours
  • Comme prest de mourir. Est-ce pas grande folie
  • De vivre tellement que nous regrettons la vie,
  • Quand nous sommes réduits au dernier de nos jours

Nous pouvons avoir des renseignements sur Senneville en consultant les registres paroissiaux qui tenaient lieu
d’état civil. A partir de ceux-ci, nous connaissons les habitants, nous pourrions voir les années de grande
mortalité.

11 Registre paroissial de Senneville (1740-1792)   12 BMS du 29 janvier 1750 : baptême de Marie-Françoise Carrelu

Nous avons aussi de nombreux actes notariés et il serait possible de retracer dans les grandes lignes l’histoire
des terres.

Nous avons exposé, avec leur transcription, quelques-uns de ces actes (prêtés par Monsieur Lucien Turpin).

Pour le XVIIIème siècle, nous avons un très précieux document : le plan d’intendance, qui nous donne la
répartition exacte des cultures en 1782.

13  Plan d’intendance de 1782

Il semble qu’aux XVIIème et XVIIIème siècles, la famille de Villequoy ait possédé la seigneurie de Senneville,
mais il faudrait faire des recherches plus complètes aux Archives.

En étudiant en détail les archives de toute la région, nous trouverions parfois trace d’évènements concernant
Senneville ; ainsi de très fortes pluies tombées sur nos coteaux contribuèrent à la chute du pont Boufard, sur
le "ruisseau qui entre dans la Seine proche des Cordeliers".

Voici le texte : "L’an 1673, le 13 juin, sur les huit heures du soir, le pont Boufard tomba par l’impétuosité des ravines…" (cité par Monsieur Lachiver dans l’Histoire de Mantes).

Par contre, en 1785, un orage accompagné de grêle atteignit Boinville, Goussonville, Jumeauville, Mézières,
mais pas Guerville…

De même, nous pouvons seulement donner quelques indications sur la période de la Révolution et de l’Empire,
car les sources historiques sont très dispersées, et il faudrait une étude approfondie (les cahiers de
doléances rédigés par les paroisses avant la réunion des Etats-Généraux de 1789 manquent pour Guerville).

Nous savons que, comme partout, les biens du clergé furent mis en vente après novembre 1789. Nous avons
quelques exemples.

En avril 1791, "la maison prieurale et bâtiments, cour, chapelle et petit jardin, friche, le tout
contenant 70 perches plus 8 arpents, 50 perches de bois, taillis et vieilles vignes en 5 pièces
avec les ormes, noyers et autres arbres au pourtour de l’arrivée de la dite maison prieurale furent
acquis par Jean-Louis et Jean-Baptiste Beaucher, vignerons, pour la somme de 4150 livres.

En Vendémiaire an cinq (novembre 1797), les Trois Cornets, qui étaient une fabrique appartenant
au clergé et comprenant 70 perches, furent achetés par un nommé Jacques Cosson, pour 395
livres 14.

14  Fabrique des Trois Cornets vendue en Vendémiaire an V   15 Ancien presbytère vendu après la Révolution (avril 1791)

Le premier garde-champêtre sennevillois fut nommé en décembre 1791 et s’appelait Jean-Baptiste Beuzeron.
L’état-civil fut organisé en décembre 1792. La première élection municipale eut lieu en décembre 1792 (parmi
les officiers municipaux et les notables, des Sennevillois : un Hector Gautier, un Martin Boulland, un Jean
Gautier, un Jacques Dutertre et un Pierre volland).

La guerre éclate en avril 1792 ; en mars 1793, treize jeunes gens de la commune sont désignés pour partir.

En septembre 1793, la cloche de l’église est vendue en adjudication ; en 1803 une nouvelle cloche est
installée,  elle porte l’inscription suivante :

"L’an 1803, j’ai été bénite par Monsieur Garembourg, curé de Guerville. J’ai été nommée Marie-
Catherine par Monsieur Jean-Louis Beaucher, propriétaire et par Madame Catherine Mallèvre,
épouse de Pierre Boulland…"

Sous l’Empire, les jeunes gens partirent aux armées. Quelques-uns moururent en terre lointaines : Jacques
Gautier, fusilier au 75ème régiment d’infanterie, décédé de fièvre putride à Zustnerthausen, le 13 mars 1806.

Il faudrait reconstituer la vie quotidienne, travail très difficile. Nous nous bornerons à la description d’une des
maisons de Senneville, d’après l’acte de propriété communiqué par Monsieur Daniel Boulland (acte daté de
1815).

"Une maison bourgeoise, située à Senneville, commune de Guerville près de Mantes, constituant en un pavillon contenant un salon, petite pièce à côté, deux chambre au-dessus ; un bâtiment faisant suite à ce pavillon, composé d’une cuisine, chambre dessus, remise, grange, écurie ; ce bâtiment terminé par un second pavillon sur la rue constituant au rez-de-chaussée en boudoirs, chambres au-dessus, greniers sur tous les dits lieux, cave dessous, cour devant les dits bâtiments.
Vers le Midi, petit jardin à côté bordant la rue ; de l’autre côté des dits bâtiments, un parterre planté d’arbres fruitiers, l’autre venant en retour au devant et non au-delà du mur des terrasses de la cour dont vient d’être parlé. Ce parterre contenant, du côté de la rue, une terrasse plantée d’une allée de tilleuls et de l’autre une épaisse bordure de charmille qui en fait partie et la sépare du surplus de la propriété des héritiers Souris. Ce parterre, l’allée des tilleuls et la charmille contenant environ quatre vingt dix ares soixante seize centiares de superficie ; plus loin enfin quatre vingt cinq ares trois centiares de terre en culture en avant vers le Nord des dits jardin, parterre et charmille. Cette portion de terrain plantée d’une avenue d’arbres fruitiers faisant face au perron du salon et suite à l’allée du milieu du parterre et aboutissant à une grille de fer formant l’entrée principale de la dite maison…"         
(texte de l’acte de propriété de  Mr Pierre Boulland)

Dans cette même famille, nous avons retrouvé avec intérêt des inventaires de mariage datant de 1813. Voici ce que Jean Cosson donnait à sa fille Marie-Clothilde, qui épousait Pierre Boulland.

"Mémoire des meubles et effets que, moi, Jean Cosson, ai donné en mariage à Marie-Clotilde, ma fille, premièrement :

  • item une vache estimée à 150F
  • item une armoire, un lit de plumes avec son traversin estimés 144F
  • item deux oreillers et une courtepointe, estimés 68F
  • item cinquante trois aunes de toile et dix aunes pour faire 12 taies et quatre aunes pour faire des serviettes, estimées à cinquante sous l’aune, fait 167F
  • item vingt six aunes de toile estimées à quarante sous l’aune fait 52F
  • item quinze chemises à trois francs, estimées à 45F
  • item cinq bonnets rouges, estimés à 15F
  • item cinq poches estimées à 17F
  • item six mouchoirs estimés à 24F
  • item un caraco rouge et un tablier, estimés à 25F
  • item un caraco de drap, un blanc, un rouge et un à carreau, estimés à 27F
  • item une paire de manches et un corset de coton, estimés à 8F
  • item une cotte blanche et une de coton rouge, estimées à 32F
  • item 2 cottes de flanelle 30F
  • item deux cottes, une rouge et une chamois 20F
  • item deux cottes vieilles, estimées à 3F
  • item quatre tabliers de différentes couleurs 18F
  • item deux paires de poches, estimées à 4F
  • item une paire de boucles d’argent et une paire de souliers 15F
  • item quatre paires de bas, estimés à 6F
  • item une coiffe de dessus, estimée à 3F

Les quatre filles de jean Cosson obtinrent exactement la même dot. Pierre Boulland dut remettre 3F75 à son beau-père pour que sa femme ne soit pas "avantagée" par rapport à ses sœurs…